Le capital-investissement est une forme très ancienne d'investissement par laquelle un investisseur consacre une partie de ses capitaux propres ou sous gestion au développement ou rachat d'une société (ou d'une division) ayant des besoins de croissance, de transmission ou de redressement. En contrepartie de son risque d'investissement et de l'immobilisation de son capital sur une longue période (coût d'opportunité), il attend un rendement sur le capital investi, généralement supérieur à celui du marché des actions cotées, compte tenu de la non-liquidité de son investissement pendant parfois plusieurs années. Il ne se contente pas d'investir mais accompagne généralement la société en portefeuille par des conseils pratiques lui permettant d'accélérer son développement et d'optimiser sa gestion.
Le capital-investissement se traduit par une injection de fonds dans une société et par l'entrée du fonds d'investissement au capital de sociétés qui ont besoin de capitaux propres. Dans certains cas, il n'y a pas d'injection de capital mais rachat des actions détenues par les actionnaires historiques. Il arrive aussi que l'investissement soit effectué sous la forme d'obligations convertibles et de produits dérivés (options, bons de souscription d'actions nouvelles notamment).
Le terme de capital-investissement concerne généralement l'investissement dans des sociétés non cotées en bourse (d'où son nom de capital non coté ou de private equity en anglais en opposition au terme public). En français cela correspond aux notions de capital fermé par opposition au capital ouvert.
Les sociétés qui constituent un portefeuille de participations en réalisant des opérations de capital-investissement sont des sociétés de portefeuille ou des fonds d'investissement. Leurs prises de participation peuvent être unilatérales ou croisées.
Le capital-investissement se décline sous plusieurs formes :
Les opérations de capital-investissement s'effectuent :
Elles sont réalisées par :
Ces opérations ont souvent recours à un effet de levier, en privilégiant un financement par endettement (emprunt bancaire).
Les investisseurs en capital ont pour objectif la réalisation, par la cession ou la vente de leur part à plus ou moins long terme (3 à 10 ans selon les secteurs économiques) de plus-values. Cette « sortie » peut se faire soit de gré à gré, soit par introduction en bourse.
Le capital-investissement se décompose en plusieurs segments aux caractéristiques suivantes :
Le capital investissement était déjà utilisé au Moyen Âge en Europe en associant des apporteurs de capitaux d'une part et un équipage placé sous la responsabilité du capitaine d'un navire d'autre part, chargé de livrer ou de ramener une cargaison (par exemple d'épices ou de produits précieux). Le profit dégagé était partagé selon des règles proches de celles encore en vigueur dans le capital investissement entre les deux parties.
Au XXe siècle, les activités d'investissement en capital, ont connu un âge d'or aux États-Unis dans la Silicon Valley après la Seconde Guerre mondiale d'une part et dans les grandes universités américaines (Stanford, MIT, etc.) d'autre part, puis se sont implantées en Europe dans les années 1970. Depuis cette activité s'est développée par cycle, en fonction des aléas boursiers, de politiques fiscales incitatives et de la création de nouveaux outils et véhicules de placement pour stimuler et faciliter la collecte des fonds. Ainsi le capital-investissement a levé 10 milliards $ en 1991 contre 459 milliards en 2006.
En France par exemple, la création des Fonds Communs de Placement à Risque (FCPR) dans les années 1980, des Fonds Communs de Placement pour l'Innovation (FCPI) en 1996 et des Fonds d'Investissement de Proximité (FIP) en 2003, ont permis le développement de cette activité.
Elle est restée toutefois moins importante qu'en Amérique du Nord, où l'expansion des années 1990 a été facilitée par le succès de la bourse de croissance, le Nasdaq américain, lorsqu'il a bénéficié de la préférence boursière pour les jeunes sociétés, qui a offert des capitalisations boursières sans équivalent dans l'histoire à de nombreux sites Internet ( AOL, Amazon, Yahoo et EBay), mais aussi des nouvelles sociétés de biotechnologies (Amgen, Genentech, Decode Genetics, 23andMe, Genset, et Transgene).
Le capital-investissement a essuyé l'éclatement de la bulle internet grâce à une rentabilité avérée sur le long terme. Les principaux organismes de capital-investissement ont investi en 2006 aux États-Unis la somme estimée de 290 milliards d'euros dans des rachats d'entreprises. Cette somme était déjà de 220 milliards au premier semestre de l'année 2007, provoquant la prise de contrôle de huit mille sociétés en six mois. Un salarié américain sur quatre - et un salarié français sur douze - travaillerait d'ores et déjà pour ces entreprises.
La hausse récente des taux d'intérêt a entraîné des doutes sur la capacité de ces institutions, largement financées jusqu'ici par des crédits et obligations à taux bas, non seulement à continuer d'afficher d'importantes plus values, mais encore à résister à des changements de conjoncture. Le demi-succès de l'introduction en bourse de Blackstone en juin 2007, le plus important groupe mondial de capital-investissement, a donné un certain corps à ces inquiétudes.
Par ailleurs, le resserrement des conditions de l'emprunt sur les marchés financiers ou credit squeeze à la suite de la crise des subprimes en 2007 a entraîné des difficultés pour de nombreux fonds à lever les capitaux nécessaires à des opérations de LBO importantes. Le marché des LBO aux États-Unis et en Europe connaît ainsi une baisse importante : les transactions ont représenté 192,7 milliards $ au premier trimestre 2007, 320,6 au second trimestre et 107,8 au troisième trimestre.
Certaines études tendent à montrer que le capital-risque est favorable à la croissance économique. Par exemple, une étude menée par Constantin Associés conclut que les entreprises françaises sous LBO connaissent une croissance annuelle de leur chiffre d'affaires de 5,6 % contre 0,7 % pour la moyenne nationale. Cela s'accompagne d'une hausse des effectifs de 4,1 % contre 0,6 % en moyenne. Enfin l'évolution des salaires dans les entreprises sous LBO est de +3,3 % contre +2,9 % en moyenne.
Les organismes de capital-investissement ont réalisé globalement, ces dernières années, des performances fulgurantes, qui les ont conduits à multiplier leurs investissements en prenant des risques unitaires de plus en plus élevés. On a pu ainsi parler de bulle financière, notamment pour ce qui concerne les opérations de taille importante (supérieures à 100 millions d'euros) et financées grâce à de la dette bancaire (LBO).
Par ailleurs, une étude de l'AFIC/EY (Association Française des Investisseurs pour la Croissance), sur la période 2004-2013 le capital investissement aurait largement surperformé d'autres classes d'actifs. Sa performance annualisée sur cette période aurait atteint 10,7 % contre 7,2 % pour l'immobilier, 5,6 % pour le CAC 40 et 5,6 % pour les Hedge Funds.
Cette activité est en général gérée par des petites équipes spécialisées qui recueillent auprès d'institutions financières des fonds logés dans un véhicule financier ad hoc (en France sous la forme juridique d'un FCPR, au Luxembourg sous la forme de SICAR).
Ces fonds ont une durée de vie limitée (10 ans au maximum) et, contrairement aux SICAV, sont appelés en fonction des besoins pendant une période initiale de 3 à 5 ans.
Les fonds d'investissement du type FCPR en France ne font généralement pas d'appel public à l'épargne, c'est la raison pour laquelle on y rencontre peu de personnes physiques. Néanmoins, l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) a défini un certain nombre de critères définissant la « personne avertie » des risques de cette classe d'actifs.
D'une manière générale, une personne physique devra s'engager pour un montant minimum de 500 000 euros. Le « ticket d'entrée » minimum dans un FCPR pourra être abaissé à 30 000 euros selon que :
Le porteur doit être conscient, comme pour tout type de placements, certes des perspectives de gain, mais aussi du risque.
Le capital investissement est un univers très diversifié au sein duquel les motivations des participants peuvent être bien différentiées. Les thématiques d'investissement peuvent être géographiques (exemple: sociétés européennes), sectorielles (exemple: biotechnologie), économiques (exemple: société en retournement), spéculatives (exemple: sociétés visées par des offres d'achat), techniques (exemple : pre-IPO, LBO), responsable (exemple: énergie verte, entreprises sociales), éthique (exemple: respect de certains principes moraux, voire religieux). Ces thématiques d'investissements sont un élément de segmentation et de différenciation sur le marché des produits de placement, l'offre étant abondante et mondiale. Elles permettent d'attirer des investisseurs institutionnels spécifiques aux côtés des investisseurs fondateurs du fonds.
Au-delà de la thématique d'investissement, le principal critère de sélection d'un fonds est son espérance de performance sur une longue période et donc la qualité de son équipe de gestion qui doit i) trouver les bons investissements, ii) les gérer convenablement et iii) revendre ses participations avec une plus-value conforme aux objectifs d'investissement du fonds.
Il existe plusieurs types de fonds spécialisés et animés par des considérations religieuses notamment chrétiennes, juives, islamiques, bouddhistes ou autres. Ces fonds utilisent comme principes d'investissement les enseignements définis dans leurs livres sacrés (notamment la Bible pour les chrétiens, la Torah pour les juifs, le Coran pour les musulmans et autres).
À titre d'exemple, le terme « fonds d’investissement islamique» désigne un groupe d’intérêt commun où des investisseurs réunissent leur surplus d’argent dans le but de l’investir et d’en tirer un profit conforme aux préceptes du droit musulman.
Les souscripteurs de ce type de fonds reçoivent un document certifiant leur souscription et les désignant comme bénéficiaires d’une partie des profits générés par le fonds. Ces documents de « certificats » ou « parts » est soumis à deux conditions de base :
Les souscripteurs doivent entrer dans le fonds avec une vision claire, celle que le retour est lié au profit ou à la perte réels que réalisera le fonds. Si le fonds réalise d’énormes profits, leur retour de souscription augmentera en proportion. Si le profit provient en partie des comptes rémunérés par l’intérêt, la proportion de ce profit doit être retirée du dividende reçu par le porteur et donnée aux œuvres sociales et ne pas rester en possession de l’actionnaire (si 5 % du profit total de l’entreprise provient de l’intérêt, 5 % du dividende doit être donnée en aumône).
Dans le cas où le fonds subit des pertes, les pertes seront partagées, seule exception, où la perte est causée par une mauvaise gestion ou par négligence, les gestionnaires devront assumer les pertes, et non le fonds.
De même, une entreprise dont l’activité est licite en droit coranique, et dont les emprunts et les investissements n’utilisent pas les intérêts bancaires : les actions de cette entreprise peuvent être gérées sans réserve légale aucune. Mais bien qu’une entreprise fasse ses affaires sur un concept licite, ses emprunts sont basés sur l’intérêt, ils placent leur excédent d’argent sur des comptes rémunérés par l’intérêt ou sur des produits boursiers sans risque. Il n’est pas permis d’acquérir les parts d’entreprises fournissant des services basés sur l’intérêt, comme les banques conventionnelles, les compagnies d’assurance ou toute autre activité désapprouvée par la charia (fabrication, distribution ou vente de liqueurs, porc, viande non hallal, jeux de hasard, pornographie…).